Introduction
Je me réveille lentement.
J’adore cette sensation de douce chaleur, cet engourdissement, cette absence de
toute douleur. Qu’on est bien dans un lit douillet, sous la couette !
J’entends la pluie qui fouette
la fenêtre par vagues et cela me berce.
Ma hanche gauche sur laquelle je
repose m’occasionne une gêne qui s’intensifie progressivement et me pousse à ma
lever.
J’enfile mon peignoir de soie
sur mon pyjama en pilou et descend précautionneusement l’escalier.
Pour mon âge, septante-quatre
ans, je suis assez en forme et fière de moi. Il n'empêche que les articulations
n’ont plus la même souplesse et, malgré ma pratique du qi gong, la mise en
route est parfois laborieuse.
Je vais dans la cuisine me
préparer un café bien corsé, mon premier plaisir de la journée. Poussy vient se
frotter contre mes jambes. Je le caresse et l’entends ronronner. Sa gamelle est
presque vide. Je la remplis de croquettes et me baisse pour prendre sa coupelle
d’eau afin de la renouveler. Aïe ! Décidément je suis rouillée
aujourd’hui ! Mais je ne dois pas m’écouter. Trop se dorloter est le
meilleur moyen pour perdre de son autonomie. Et mon autonomie, moi j’y
tiens ! C’est ma vie !
Je vais jeter un coup d’œil au
salon qui communique avec la véranda pour voir l’état du jardin. Je me sens
bien dans cette pièce. Elle est intime avec ses gros fauteuils à
oreilles, les bibelots qui s’y entassent, les peinture et dessins qui ornent
les murs et tous les livres qui remplissent la bibliothèque. Mais elle est
aussi ouverte sur l’extérieur, envahie de plantes vertes dont la vue se confond
avec celle du jardin. Le vent et la pluie ont couché les asters et fait tomber
pas mal de pétales des dahlias et des roses. Mais un rayon de soleil vient
soudain égayer ce paysage et faire étinceler les gouttes accrochées aux
branches. La beauté de la nature me touche toujours au cœur.
Je commence à avoir faim. Je
vais aller faire ma toilette, m’habiller, puis prendre mon petit-déjeuner.
C’est sans doute le repas que j’apprécie le plus. Je commence par une tartine,
rôtie ou pas, tout dépend de la fraîcheur du pain, avec de la maquée ou du
fromage d’abbaye en tranches, suivie d’une seconde avec de la confiture ou du
miel. Et je termine par un fruit de saison, et si possible de provenance
locale. C’est mon côté écologique. D’ailleurs je déteste le gaspillage et le
suremballage. Je reconnais cependant que j’aime beaucoup les kiwis jaunes. Or
ceux-ci viennent de Nouvelle-Zélande, là où vit mon fils aîné. Pas très logique
tout ça ! Je me demande comment il va. Il est toujours très occupé par son
métier. C’est d’ailleurs en bonne partie pour cela que sa femme l’a quitté. Il
me donne peu de nouvelles de lui. J’en ai plus par Emily, sa fille, ma
petite-fille de vingt-six ans. Elle est mignonne comme un cœur et jolie, moitié
européenne, moitié maori. Et intelligente ! Elle, elle me contacte
régulièrement par Zoom.
C’est pas tout ça, je rêvasse.
Je ne dois pas traîner ce matin. Je dois aller à l’académie pour mon atelier de
peinture puis voir Juliette et l’accompagner faire quelques achats.
Je ne dois pas oublier de
prendre mes pinceaux et ma boîte de couleurs. Et les cachets que je dois
prendre avant mon repas de midi.
Un dernier regard dans le miroir
pour juger de mon apparence. Cette jupe marron et bleu foncé commence à se
défraichir. Il va falloir penser à la remplacer. Mais mon chemiser à petites
fleurs bleues et le cardigan lavande sont parfaits. J’ai mis mes molières
marron et des chaussettes émeraude. Je vais passer ma cape poncho rouge et
mettre mon petit chapeau cloche de la même couleur. Je sais que mon look ne
passe pas inaperçu mais ça me plaît et je m’y reconnais totalement. Comme je
suis rousse, on me prend parfois pour une anglaise. God save the Queen !
1
Que cela fait du bien de se
sentir porté et massé par l’eau ! Denise, dans le couloir voisin, aligne
les longueurs de bassin. Elle a toujours besoin d’aller au bout de ses forces,
peut-être pour se prouver que le temps n’a pas réellement d’emprise sur elle.
Moi, je n’ai rien à me prouver. Je suis juste là pour profiter du moment.
Cette piscine a vraiment du
charme. Les carreaux bleus du bassin donnent l’illusion de nager dans une eau
turquoise. Dommage qu’il y ait cette odeur de chlore et que ce soit si bruyant
avec les cris de joie et d’excitation des enfants et des ados.. J’en ai assez.
J’attends que Denise arrive à ma hauteur pour lui dire : « Moi,
je sors. On se retrouve à la cafétéria ? »
Je déguste un Picon vin blanc
quand Denise me rejoint. « Eh bien, tu t’y mets tôt ! me dit-elle.
- À onze heures presque trente,
on a bien le droit de se faire un peu plaisir.
- Ne commence pas comme
Elisabeth ! Depuis que son mari l’a quittée et que son fils est mort, elle
boit beaucoup trop. L’autre jour encore je l’ai trouvée à moitié éméchée et
c’était le tout début d’après-midi.
- Tu sais bien que je ne suis
pas comme cela. Au départ de Georges, j’ai traversé une période difficile. Se
sentir larguée pour une femme plus jeune est dur à encaisser. Alexis venait de
partir pour la Nouvelle-Zélande et Françoise consacrait tout son temps et son
attention à ses trois enfants, surtout que les derniers sont des faux jumeaux.
Je n’ai pas baissé les bras, j’ai continué à travailler. Mon emploi de vendeuse
en parfumerie m’obligeait à prendre soin de moi. Et je n’ai pas cherché du
réconfort dans l’alcool. »
N'ayant pas envie de continuer
sur ces sujets, j’ai alors dit : « Je déteste cette odeur de
chlore qui colle à la peau malgré la douche. Vivement l’été ! C’était si
bon de se baigner en Grèce !
- Je ne sais pas si c’est parce
que je ne connais que la mer du Nord mais, moi, cette piscine me convient
parfaitement.
-Oh zut ! J’oubliais. Je
finis vite mon verre puis j’y vais. Maxime, mon voisin, vient en début
d’après-midi pour me donner un coup de main au jardin. Et je dois encore faire
quelques courses. »
Rentrée à la maison, je
m’écrie : « Mais Poussy qu’as-tu fait là ! » J’ai eu
le malheur d’oublier un paquet de chips sur le plan de travail de la cuisine.
Le chat l’a fait tomber et avait fini par l’éventrer, étalant tout le contenu
sur le sol.
Je mets vite au réfrigérateur
tout ce qui est périssable et je commence à nettoyer lorsque retentit la
sonnette.
J’ouvre et
m’exclame : « Bonjour Maxime, déjà là ?
- Il est presque quatorze
heures, répond-il, surpris par mon accueil.
- Excusez-moi mais je suis assez
énervée. Poussy a fait des bêtises et je suis occupée à les réparer.
- Je vais vous donner un coup de
main. »
En rangeant balais et
aspirateur, Maxime me dit : « Je vais passer le torchon car il y
a des traces de graisse sur le carrelage et vous pourriez glisser. »
Quand il rentre, je lui
dis : « Vous pouvez aller vous rafraîchir dans la salle de bain.
Mais peut-être voudriez-vous boire d’abord quelques chose, une limonade, une
bière ?
- Une bière fraîche, ce ne
serait pas de refus, dit-il en s’asseyant. »
Ses bras et ses épaules sont
rougis et couverts de gouttelettes de sueur.
Soudain je me surprends à être
troublée par ce corps d’homme. C’est ridicule, je le sais, moi qui ai
septante-quatre ans et lui qui n’en a pas quarante. Surtout ne rien en laisser
paraître.
« Désolée, je n’ai pas de
chips à vous offrir. C’est la faute à Poussy.
- Ne vous inquiétez pas. Cela me
fait plaisir de rendre service. »
2
Assister aux funérailles d’Adeline me déprime. Toutes deux,
nous sommes allées dans les mêmes écoles. Elle n’était mon aînée que de quelques
mois. En janvier dernier, elle me disait : « N’oublie pas !
Réserve le dix-huit juin, c’est un samedi. Je vais fêter dignement mes
septante-cinq ans. Qui sait si j’aurai l’occasion de le faire pour mes
quatre-vingts ans. Alors profitons-en ! » La pauvre, elle est partie
avant. C’est le problème quand on vieillit, on voit petit à petit disparaître
ses connaissances.
La
célébration religieuse a été vite expédiée. Le nouveau curé n’a pas eu le temps
de connaître Adeline. Du coup il n’a dit que des banalités à son sujet.
Il n’y a
que des vieilles dans cette salle paroissiale ! J’en connais plusieurs que
j’ai à peine reconnues tant l’âge les a changées. Et leurs conversations sont
d’un ennui mortel !
J’ai
souvent l’impression d’avoir tout au plus quarante ans. Mais ce n’est plus le
cas. Quand ce n’est pas le corps qui le rappelle, ce sont les événements qui
s’en chargent.
Je n’ai encore
rien prévu pour fêter mes septante-cinq ans. Et je me dis que la vie dont je
dispose encore paraît bien courte. Il y a tant de choses que j’aimerais faire,
tant d’expériences que j’aimerais vivre. Si j’organise une petite fête de
famille, je me demande si Françoise, ma fille qui est grand-mère maintenant
(cela veut donc dire que je suis arrière-grand-mère ! presque un fossile),
pourra y assister. Je l’entends déjà me dire qu’elle doit s’occuper du bébé. Ce
n’est pas Julie, la tante du nouveau-né, qui s’en occuperait. À vingt-trois ans
elle ne s’intéresse qu’à son compagnon et à sa carrière. Et Alexis, mon fils,
est toujours de l’autre côté de la planète.
Je pourrai aussi
fêter cela avec Maxime. Nous sommes de plus en plus proches et l’écart d’âge
entre nous ne semble pas le gêner. Il y a pourtant des choses qu’il ne m’a pas
encore dites, un silence et peut-être même un secret qu’il retient. Par
peur ? Par manque de confiance ?
Il parle
justement à Sylvie, la voisine d’Adeline. C’est vrai qu’il va aussi parfois
chez elle pour quelques travaux de jardinage. Il me regarde et me sourit. Et
c’est la vie qui revient dans cet endroit sinistre.
J’ai retenu
que son anniversaire tombe le mois prochain. Mais je n’en connais pas la date
précise. Oserai-je l’inviter à manger ? J’espère qu’il me confiera ce qui
l’attriste et met encore une distance entre nous.
Si les
choses évoluent comme je l’espère, comment réagiront les autres ? Le
jugement de mes amies ne m’importe guère. Si elles m’aiment vraiment, elles
accepteront la situation. Sinon cela me prouvera que cette amitié n’est que
superficielle. Ce qui me tracasse plus ce sont les réactions de Françoise et
surtout celles d’Alexis. Il est parfois tellement vieux jeu et coincé, mon
fils, si différent de moi ! Le monde professionnel de la finance ne l’a
pas aidé à évoluer. Plus il vieillit plus il devient conservateur. Emily, sa
fille, me l’a assez souvent répété. Elle, elle me comprendra, j’en suis sûre.
Elle se réjouira pour moi. Par contre j’ignore complétement ce que sera la
réaction des enfants de Françoise. Ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on est
plus tolérant.
Mais je
trace peut-être des plans sur la comète. C’est vrai que la solitude me pèse. Et
que mon corps a encore envie et même besoin d’être touché, caressé. Oui, je
veux encore connaître le plaisir ! En quoi cela serait-il mal ? Je
n’éprouve pas le besoin d’aller me confesser. Oui, Maxime me trouble. Son corps
hante mes rêves et trouble mon sommeil. J’ai devant lui l’âme d’une
adolescente, pleine de désir et de crainte.
Est-ce
ridicule lorsqu’on est à l’automne de sa vie ? L’automne n’est-il pas la
saison où les couleurs se font les plus vives et chatoyantes avant le froid de
l’hiver et la mort ? C’est aussi la saison des récoltes, des fruits mûrs.
J’ai encore et toujours envie d’y mordre à pleines dents. Je veux vivre !
3
« - Bonjour Maxime !
Pour le moment le jardin ne demande pas trop d’entretien mais j’aimerais que
nous arrangions le parterre des annuelles. Certaines plantes devraient être
remplacées. Nous pourrions passer à la pépinière. Mais je parle, je parle,
toujours un peu trop, et je ne te laisse pas t’exprimer. Comment vas-tu ?
- Ça va. J’ai juste été un peu
occupé et fatigué. J’aurais dû t’appeler, Line. Excuse-moi.
- C’est bientôt ton
anniversaire, je pense. Viens manger à la maison. Quand cela
t’arrangerait-il ?
- C’est gentil mais il ne faut
pas te déranger.
- Ça ne me dérange pas du tout.
Au contraire, cela me fera plaisir.
- Et bien disons jeudi prochain,
le quatorze. Cette semaine ce ne sera pas possible pour moi.
- C’est noté. Je me réjouis de
te revoir. »
Le jour convenu, Line et Maxime
sont attablés. Le repas s’achève.
« - Tu as vraiment mis les
petits plats dans les grands, Line.
- Je suis heureuse que cela te
fasse plaisir. Mais tu ne manges pas beaucoup. Ce n’est pas tout à fait à ton
goût ? Je trouve que tu as un peu maigri. Tu me sembles fatigué et pas
trop en forme. Ça va ?
- Toi par contre, tu es toujours
superbe. Cette robe te va à ravir. Tu devrais porter plus souvent du rouge.
- Comme rousse, je me disais que
le rouge ne me convenait pas. Mais j’avais sans doute tort. »
Après un silence, Line continue.
« Tu ne m'as pas répondu. Je t'en prie, ne change pas de sujet. Tu sais, tu
peux tout me dire. Le vin que nous avons bu me donne le courage d‘exprimer à
quel point je tiens à toi. Je suis folle, sans doute, de me sentir attirée par
toi. Tu vas t’enfuir et te dire : Qu’est-ce qu’une femme comme elle, à son
âge, peut espérer d’un homme qui n’a pas encore quarante ans ? Je ne te
demande rien, Maxime. Je n’attends rien d’autre que ce que tu m’as déjà
apporté. J’espère que nous pourrons nous rapprocher encore, que tu auras
pleinement confiance en moi, comme moi je l’ai déjà en toi. »
Cette fois un long silence suit
les paroles de Line. On n’entend que Poussy miauler doucement en venant se
frotter alternativement sur les jambes de Line et celles de Maxime.
« - Line, je dois te dire
quelque chose. Si tu n’as plus eu de mes nouvelles ces derniers temps, c’est
que j’avais des rendez-vous et je n’avais pas envie de t’en parler. Depuis près
de deux ans j’ai la certitude d’avoir une maladie orpheline, une sclérose
latérale amyotrophique. Ces termes m’étaient jadis inconnus mais ils font
désormais partie de ma vie. »
Émue et craignant d’embarrasser
Maxime, Line demande alors : « - Comment cela se manifeste-t-il pour
toi ?
- Il y a des moments où
j’éprouve de grandes fatigues et aussi des douleurs. Puis ça passe et un jour
ça revient, un peu plus fort.
- Il y a des traitements ?
- Rien d’efficace pour moi. Il
n’y a que des médicaments pour atténuer les douleurs et espérer retarder un peu
l’évolution. Tous les mois je dois passer des examens, voir mon sang remplir
des tubes, puis attendre les résultats.
Tu sais, Line, un médecin m’a
dit de but en blanc que mon espérance de vie est au maximum de vingt ans, à
moins qu’on ne trouve le remède miracle. Alors comment pourrais-je construire
une relation avec une femme ? Qui voudrait d’un homme condamné à
dépérir ?
- Maxime, mon espérance de vie
est identique. Mais d’ici là, toi et moi sommes vivants !
Profitons-en ! Nous pourrons, un jour, quand cela deviendra nécessaire,
prendre soin l’un de l’autre puis, plus tard, faire appel à une aide-soignante.
- Drôle d’avenir qui nous
attend, tu ne trouves pas ?
Tu es une femme extraordinaire,
Line ! Je peux te prendre dans mes bras ? »
Le sourire qui illumine alors le
visage de Line est une réponse explicite. Ces deux êtres qui s’embrassent alors
avec douceur et passion s’étreignent comme des naufragés qui s’accrochent à une
planche de salut.
4
Après notre moment d’abandon et de folie, j’ai cru que Maxime allait
m’éviter. Au contraire nous ne nous sommes jamais autant vus que pendant les
semaines qui suivirent. De façon tacite
et par une délicatesse réciproque, nous n’avons pas reparlé. Cependant aucune
gêne ne venait assombrir le plaisir que nous avions à nous retrouver.
Nous sommes retournés aux
pépinières. Devant des plants de dahlia, Maxime m’a dit :
« Line , regarde cette
variété, ce port épanoui et majestueux ! Et puis cette couleur ! Cet
orange est magnifique, lumineux, solaire, … comme toi. Qu’en dis-tu ?
- J’ai lu que les dahlias
reviennent à la mode. Moi, je les ai toujours aimés.
- Tu sais que, dans le langage
des fleurs, le dahlia représente la reconnaissance, l’allégresse et l’amour ?
- Tu me surprends, Maxime ;
tu connais tant de choses sur les fleurs. Je retrouve bien là ta délicatesse et
ta sensibilité. Cela me touche, plus que tu ne le penses. »
Ces semaines ont été
merveilleuses mais pas sans conséquences.
Ce matin, je retrouve Denise à
la piscine qui me dit tout de go :
« Il paraît que tu t’amuses
bien ces derniers temps ! Et toujours en compagnie de Maxime !
Elisabeth vous a vus à la brasserie du Passage. Vous étiez très proches,
m’a-t-elle dit. Et moi, je vous ai aperçus au café du Commerce. Attention, Line !
On commence à jaser. Elisabeth m’a demandé si Maxime tarifait ses charmes, c’est
un bel homme et jeune encore ! »
J'ai l'impression de me vider de
tout mon sang, un grand froid m'envahit. Je dois prendre une profonde
respiration pour dire :
« Non mais pour qui me
prenez-vous ? Vous pensez que Maxime est un escort que je paie ? Vous
n’êtes que de vieilles femmes aigries et jalouses. »
Je pars, tremblante de colère et
d'indignation.
À peine rentrée, j’appelle
Maxime :
« Maxime, tu peux venir
rapidement s’il te plaît ? J’ai besoin de te parler.
- Moi aussi, Line. Cela te va si
je viens vers dix-sept heures ?
- Parfait. À tout à l’heure. Je
ferai du thé. »
Quand j’ouvre la porte, je vois
Maxime avec un gros bouquet d’œillets orange.
« Entre ! Quel beau
bouquet ! Je les mets dans un vase et je nous prépare du thé. Un darjeeling, ça
te convient ?
- Parfait pour moi. »
Alors que nous sommes assis au
salon, je demande à Maxime :
« Et ces œillets, dis-moi,
quelle signification ont-ils ?
- Tu dois t’en douter, c’est un
aveu amoureux.
- Oh, Maxime ! Ce n’est pas
raisonnable.
- Nous n’avons plus le temps
d’être raisonnables. Et j’ai encore un cadeau pour toi. »
Tout en parlant, Maxime sort de
sa poche une petite boîte qu’il ouvre et qui contient une superbe bague ornée
d’une aigue marine. Poussy, qui trouve que nous ne nous occupons pas assez de
lui, vient se frotter contre nous.
« Cette bague me vient de
ma mère. Elle me l’a léguée pour que je l’offre un jour. C’est la pierre de
l’amour et de la fidélité. »
Maxime la prend et essaie de la
passer à un doigt de ma main droite.
« Tu vois, lui dis-je. Ça
ne passe pas ! Cela me touche infiniment mais ce n’est pas
possible. »
Sans se démonter, il essaie
l’annulaire de la gauche.
« Et voilà ! C’est
parfait. Elle semble faite pour toi.
- Mais Maxime, j’ai vu Denise
qui m’a rapporté des propos à notre sujet qui m’ont bouleversée.
- Je sais ce qu’on raconte et je
m’en fiche. Qu’avons-nous besoin d’écouter les autres ?
- Il y a les personnes qu’on
connaît mais il y a aussi la famille ! Je peux me brouiller avec des
connaissances mais pas avec mes enfants !
- Et bien... et si je les
rencontrais ?
- Tu ne doutes de rien,
toi ! J’y ai pensé aussi et je crois que le mieux serait que tu voies
d’abord Emily, la fille de mon fils aîné, Alexis. C’est la plus ouverte de la
famille et, si elle t’apprécie, elle sera une alliée pour convaincre les
autres. »
5
Depuis qu’Emily est arrivée, une
atmosphère tendue règne dans la maison. Poussy la ressent aussi car, alors
qu’il se montre habituellement collant, recherchant des caresses, il ne fait
qu’une brève apparition, le dos rond, avant de s’enfuir.
Maxime a les traits tirés. Line
suppose que l’inquiétude a dû troubler son sommeil. En fait, depuis trois
jours, de vives douleurs lui traversent bras et jambes. Ce sont comme des
aiguilles qui s’enfoncent dans sa chair et la taraudent.
La conversation trop banale
commence à lasser Line. Elle voudrait parler mais craint de brusquer sa
petite-fille.
Emily dit alors :
« Tu sais, grand-mère, je
t’aime très fort et j’ai toujours eu confiance en toi. Je t’ai confié des
choses que tu es la seule à connaître. »
Dans le silence qui suit, Line
songe à ce jour où Emily lui a révélé que, lorsqu’elle est attirée par une
personne, que celle-ci soit un homme ou une femme ne lui importe guère, si elle
peut l’admirer et partager avec elle ses pensées les plus intimes, ses rêves.
Cependant ce début ne présage
rien de bon.
« Je te connais assez pour
savoir que tu n’agis pas en dépit du bon sens et en oubliant les réalités. Mais
je dois te dire qu’une de tes « bonnes amies » a averti tante
Françoise en se disant scandalisée qu’une femme comme toi puisse se laisser
berner par un bellâtre qui ne doit en vouloir qu’à son argent. »
À ces mots, les traits du visage
de Maxime se sont crispés et ont pris la dureté de la pierre.
« Bien sûr ma tante n’a pas
osé en parler à son frère, connaissant son caractère intransigeant et cassant.
Aussi m’a-t-elle appelé pour me faire jouer ce sale rôle d’intermédiaire. Sache
qu’en ce qui me concerne, je ne vous juge pas. »
S’adressant alors à
Maxime : « Excusez ma franchise, Maxime. Je ne sais presque rien
de vous mais, connaissant grand-mère, je suis pourtant persuadée que vous
n’avez pas de mauvaises intentions. »
« Quand donc les gens se
mêleront-ils de leurs affaires ? s’exclame Line. Ah, la vie donne de rudes
leçons ! Apprendre que parmi les personnes en qui j'ai confiance,
certaines parlent derrière mon dos ! Tu le sais, ma chérie, je déteste le
scandale et tout ce qui pourrait faire du mal à ceux que j’aime. »
Livide, les traits tirés, Maxime
déclare d'une voix cassée :
« Emily, j’aime sincèrement
votre grand-mère. La vie nous a rapprochés. Comme je l’aime, je ne souhaite que
son bonheur. Je sais que celui-ci est lié à l’affection des siens. Nous avons essayé
d’être discrets, je pense, mais la méchanceté et la jalousie commencent à se
déchaîner. Je ne veux pas que cela vous éclabousse. Je viens de comprendre
qu’il faut me retirer. »
Et s’adressant à Line :
« D’ailleurs, Line, tu sais
que nous n’avons pas d’avenir. Peut-être vaut-il mieux que cela s’arrête
maintenant. Je vais te faire souffrir mais tu souffrirais aussi de perdre
l’affection des tiens. Dans la vie, il n’y a que souffrances. Le seul choix qui
nous reste est celui de la dignité. »
Sur ces mots, Maxime se lève
péniblement et se dirige vers la porte d’entrée.
Line sent un cri monter du fond
de la poitrine jusqu’à la gorge. Elle s’est levée mais se sent paralysée. Le
cri reste coincé là en elle. Ses yeux se sont brouillés de larmes.
Emily comprend que ce qui se
joue à ce moment ne la concerne pas directement.
Quand Maxime referme la porte,
Line s’effondre, secouée de longs sanglots. Emily la serre tendrement et la
berce comme un enfant dont on tente d’atténuer la peine.
Poussy est revenu et se frotte
contre les jambes de sa maîtresse. Lui aussi semble vouloir lui apporter du
réconfort.
Dans la rue, sous un ciel
jaunâtre annonciateur d’orage, Maxime se sent seul et vide. Ce vide ne se
remplit plus que de la douleur physique. Il entre dans le premier café
rencontré et commande un whisky. Il va boire jusqu’à oublier sa peine et ses
douleurs, du moins l’espère-t-il.
6
Le hublot de l’avion ne montre
qu’un moutonnement blanc qui, abolissant toute notion d’espace, me place dans
un no man’s land et suspend le temps. Je repense à ces derniers jours.
Après le départ de Maxime, une
sensation pénible s’est installée entre Emily et moi. Après avoir essayé de me
consoler, ma petite-fille s’est vite éclipsée. J’étais profondément peinée, je
ne la comprenais plus. Son manque de tact vis-à-vis de Maxime me surprenait.
N’est-elle pas foncièrement différente des autres ?
Le lendemain, j’ai voulu en
avoir le cœur net. Je l’ai appelée.
« Emily, ma chérie, j’ai
été surprise par ton attitude hier. Qu’est-ce qui se passe ?
- Je suis désolée,
grand-mère. Je crois que j’ai réagi ainsi parce que je t’aime très fort, plus
que tous les autres membres de la famille, plus même que papa. Je crois que
j’ai peur pour toi, peur que tu souffres, peur que cette relation ne soit
qu’une illusion. J’ai eu du mal à accepter qu’un homme plus jeune puisse être
réellement amoureux d’une femme plus âgée. Moi aussi j’ai des préjugés. J’ai
peut-être même éprouvé un peu de jalousie car c’est vrai qu’il est beau et
attirant Maxime. Il a un magnétisme animal qui m’a troublée dès que je l’ai vu.
Pardonne-moi.
- Je ne t’en veux pas. D’autant
que tu ne sais pas tout à son sujet. Maxime n’est pas bien portant mais je ne
t’en dirai pas plus, sans qu’il ne m’y autorise.
- Grand-mère, dis-lui que je
regrette vraiment d’avoir été cassante et que je ne demande pas mieux que de le
connaître et de repartir sur de nouvelles bases.
- Merci, ma chérie. Je te
laisse. Je vais lui parler. Je t’embrasse.
- Gris bisous,
grand-mère. »
J’ai alors appelé Maxime, sans
obtenir de réponse. Régulièrement, je composais son numéro, en vain. En fin de
journée, je suis allée à son domicile pour y trouver porte close.
Le jour suivant, j’ai recommencé
appels et visite sans plus de succès.
Rentrée à la maison, inquiète,
j’ai appelé les hôpitaux, les uns après les autres. C’est au quatrième qu’on
m’a confirmé que Maxime avait bien été admis aux urgences et transféré en
neurologie.
Entrant dans sa chambre, je l’ai
trouvé relié à des baxters, me souriant. Les chambres d’hôpital me donnent
toutes cette impression de blancheur aseptisée, comme si j'étais déjà dans un
sas entre le monde des vivants et l’autre.
« Je me disais bien que je
te verrai pousser cette porte, Lise. Tu es si résolue qu’aucun obstacle ne te
résiste. Tu vois, je reprends du poil de la bête. Je devrais pouvoir sortir
dans quelques jours.
- Comment t’es-tu retrouvé
ici ? Que s’est-il passé ?
- Quand je t’ai quittée, je me
sentais mal tant physiquement que moralement. Je suis allé boire. C’est idiot
mais j’avais besoin de ne plus rien sentir. J’ai bu… trop. Je ne sais plus
comment je suis rentré. Mais, au matin, la douleur était tellement forte que j’ai
dû appeler le samu qui m’a transporté ici.
- Et que disent les
médecins ?
- Que veux-tu qu’ils
disent ? Ce sont des docteurs pas des magiciens. La maladie évolue, un peu
plus vite que prévu. Mais des accalmies peuvent toujours se produire. Un jour
ou l’autre ce sera la chaise roulante.
- Dis-moi, Maxime, quel pays
aimerais-tu visiter ?
- Pourquoi cette question ?
- Parce que, dès que tu quittes
cet hôpital, nous partons tous les deux. »
C’est ainsi que nous nous
trouvons dans cet avion qui nous amène au Caire. En guise de clin
d’œil pour notre séjour dans la capitale égyptienne, j’ai réservé une chambre
au Royal « Maxim » Palace Kempinski. Le hall est gigantesque tout en
blanc et or. Je sais c’est un peu bling bling ! Mais voir les yeux de
Maxime briller comme ceux d’un enfant vaut bien la dépense. Après quelques
jours dans cette mégalopole, nous embarquerons sur un petit bateau de
croisière. Maxime me sourit. Il me semble en meilleure forme mais je m’inquiète
de son état. Surtout je ne dois rien en laisser paraître. Nous allons profiter
aux maximum des moments qui nous sont donnés.
7
Voilà Maxime qui me rejoint au
bar-salon. Surtout ne pas lui montrer que ce voyage me fatigue plus que je ne
l’avais imaginé. Je m’inquiète de ce que lui-même éprouve. Malgré ses dires,
son épuisement se trahit par des traits tirés et de légers tremblements des
jambes. « Bonjour, trésor ! Qu’as-tu pensé de la visite ?
- C’est fantastique, mon ange.
J’ai beau avoir vu cela en photos, en vrai c’est tout autre chose. Je me suis
senti tout petit. » J’espère que Line ne s’est pas aperçue que j’ai failli
arrêter l’excursion car mes jambes ne me portaient plus. J’ai dû puiser dans
mes dernières forces pour y arriver. Lise est tellement gentille ; je ne
voudrais pas lui gâcher ses vacances.
« Regarde ! Comme
c’est beau ce village ! Le mélange du vert de la palmeraie et du bleu du
ciel a de quoi inspirer des peintres. Ici le temps semble s’être arrêté.
Oh ! les couleurs que prend l’horizon quand le soleil se couche, c’est
incroyable !
- Oui c’est merveilleux !
Que veux-tu boire avant d’aller à la salle de restaurant ?
- Un Dry Martini et toi que
prendras-tu ?
- Hum, aujourd’hui je vais
goûter à leur Alexandra. Alexandrie, Alexandra ! Ça te dit quelque
chose ? » lance Line avec un clin d’œil.
Le lendemain, pour nous rendre à
un autre site, nous avons droit à l’attraction touristique, la promenade à dos
de chameau. Nous suivons ensuite à pied le guide quand douleur très vive au
mollet me fait crier. Maxime me demande ce qu’il y a. « Je crois que je me
suis fait piquer par un taon. En tout cas, rassure-toi, ce n’était ni un
scorpion ni un serpent. Ou alors il devait être rudement grand. » Depuis
lors j’ai mal. Une zone rouge et gonflée apparaît. Vaille que vaille j’achève
la visite. Au retour, Maxime voit bien que ça ne va pas. « On va aller
voir le médecin de bord. » Cela s’avère d’autant plus nécessaire que je
commence à avoir de la température. Le médecin qui a surtout l’habitude de
soigner des indigestions et des diarrhées m’examine et applique une pommade
antibiotique avant de bander le mollet.
Au matin, après une nuit pendant
laquelle ma fièvre augmentait, le médecin a constaté que l’inflammation s’est
étendue et qu’une sécrétion verdâtre suinte de la zone. Au vu de mon état, il
organise un rapatriement sanitaire d’urgence. Bien qu’affolé, Maxime prend la
situation en main et se charge de refaire nos bagages.
Dans la cabine, je range nos
affaires. L’état de Line m’inquiète. Comment cela a-t-il pu si vite
dégénérer ? Un vol nous attend à l’aéroport d’Abou Simbel pour nous
ramener au Caire et de là en Belgique. Dans la poche intérieure de ma valise,
je trouve une carte postale oubliée. Une carte de Crète. Brusquement, ,je me
souviens : seize ans déjà ! À cette époque, j’ignorais encore mon mal.
Nous étions partis en vacances, Corinne et moi. Nous nous aimions et croquions
la vie à pleines dents. Quelques mois plus tard apparurent les premiers
symptômes. Au bout d’une longue période d’errance médicale, le verdict a été
posé, cruel et sans appel. Et ensuite la rupture. La pauvre, elle n’a rien
compris mais je n’avais pas le courage de lui dire la vérité.
On a rapatrié Line dans un
hôpital universitaire, proche de son domicile. « Vous savez, Line, vous
avez de la chance, dit le praticien. Quand on vous a admise, nous étions
perplexes. Votre état se dégradait et les antibiotiques restaient sans effet.
Nous avons craint, à un moment, de devoir vous amputer. Fort heureusement, un
confrère d’Anvers, spécialisé en médecine tropicale, nous a conseillé. Nous
avons incisé l’endroit où vous aviez été piquée pour extraire des larves
pondues par l’insecte. Et nous avons trouvé le bon antibiotique et stoppé ainsi
le début de septicémie. Vous revenez de loin ! »
Maxime ne cache pas son émotion.
Dès la sortie du docteur, il m’enlace, me disant : « Line, je ne
conçois plus la vie sans toi. » Et tout naturellement et sincèrement, je
lui réponds : « Moi non plus Maxime ! »
8
Sept mois plus tard, dans la
maison de Line
« Papa, tu ne pourrais pas,
pour une fois, laisser paraître tes sentiments ? » s’exclame Emily.
« Tante Françoise, elle, ne cache pas sa tristesse. Bientôt la boîte de
Kleenex sera vide. » Françoise, entre deux sanglots, arrive à
dire : « Alexis ne se laisse jamais aller. Il veut tout
contrôler. » Une vieille rancœur perce dans ces mots.
Alexis sort de son mutisme. « Comme vous toutes, je suis triste,
mais je suis aussi très en colère. Comment maman a-t-elle pu nous faire ça !
Ce Maxime lui a fait perdre complètement la tête !»
« Mais papa, tu n’as donc pas écouté ce que grand-mère a
écrit ? »
Sur la table de la salle à manger, il y a une lettre ouverte, trouvée il
y a deux jours, la dernière qu’ait écrite Line.
Emily la relit avec la voix qui par moments s’éraille :
« Mes chéris, pardonnez-moi le chagrin que je vous cause. Sans
doute ne comprenez-vous pas mon geste. Je ne vous ai pas tout dit. J’ai voulu
vous préserver, que la tristesse ne fausse pas nos relations. Car, entre nous,
cela n’a pas toujours été simple.
Alexis, depuis ma séparation avec ton père, tu t’es enfermé dans une
attitude de plus en plus rigide. Tout petit, tu disais déjà ce qui se faisait
et ce qui ne se faisait pas. Tu te rappelles quand, à propos d’une fête de ton
école, tu m’as dit : « Maman, tu ne sors pas comme
cela ! » Tu trouvais que je m’habillais trop différemment des autres mères.
Ta rigidité me blessait parfois et nous avions du mal à nous comprendre, mais
je t’ai toujours aimé.
Toi, Françoise, quand tu es devenu maman à ton tour, tu ne t’es plus
intéressée qu’à ta famille. Tu m’appelais quand tu avais besoin d’aide. Ce fut
surtout le cas quand les jumeaux sont nés alors que ton premier enfant n’avait
pas trois ans. J’étais la solution de
secours qu’en temps ordinaire tu oubliais. Mais cela me faisait plaisir de
t’aider et, même si notre relation s’est un peu distendue, toi aussi je t’ai
toujours aimée.
Et puis il y a mon rayon de soleil, mon Emily, dans laquelle je me suis
toujours retrouvée. » En lisant ces mots, Emily a dû réprimer un sanglot. Attestant
de ces paroles, alors que toutes les personnes assemblées sont vêtues de gris,
Emily porte une tenue colorée. Elle se donne le temps de se ressaisir pour lire
la suite : « Pour toi aussi, ma chérie, il a été difficile
d’accepter l’entrée de Maxime dans ma vie. Mais ses attentions à mon égard
t’ont vite persuadée de sa sincérité.
Ce que vous ignorez tous, et même Maxime ne l’a su qu’au tout dernier
moment, c’est que depuis trois ans j’ai une leucémie. À mon âge, l’évolution
est lente. Dès le départ, je me suis opposée à toute thérapie. J’ai choisi une
vie pleine, même plus courte. J’ignorais la joie qu’elle m’apporterait encore. Pendant
mon hospitalisation, il est apparu que la maladie avait subitement progressé.
Je me refuse à être une charge pour quiconque et à souffrir inutilement.
Comme Maxime se trouve dans la même situation, nous avons décidé d’y mettre
fin.
Vous vendrez la maison et en partagerez la valeur entre vous, Françoise
et Alexis. L’argent liquide sera partagé entre mes petits-enfants. L’aigue
marine que Maxime m’a offerte est pour Emily.
Le notaire vous explicitera tout cela.
Ma dernière demande est que vous dispersiez nos cendres, au même
endroit, dans une clairière du bois derrière la maison. Si vous venez vous y
promener, vous nous retrouverez dans les plantes sauvages et entendrez nos voix
dans le bruit des feuilles et le chant des oiseaux.
Je vous aime. Tout disparaît, seul l’amour subsiste.
Line. »
Dans la chambre à coucher, Line et Maxime étaient étendus sur le lit,
vêtus de leurs plus beaux habits, se tenant par la main. Une bouteille d’un
très bon Bourgogne et des boîtes de somnifères et de tranquillisants vides se
trouvaient sur la table de nuit.
Un peu perdu, Poussy, qui délaisse ses croquettes, erre dans la maison,
sans même miauler. Emily le sent se frotter contre elle, le prend dans les bras
et dit : « Poussy ! Ne te tracasse pas. Je vais prendre
soin de toi. »
Bonjour José,
RépondreSupprimerLine m'a scotchée et c'est un personnage que je n'oublierai pas. Quelle belle personne !
Voilà un texte exemplaire, riche, subtile, captivant, fait de légèretés et d'émotions.
Un des plus beaux textes de l'atelier, à mon sens et tout en délicatesse.
Pour la lecture publique, je verrais bien le chapitre 1 qui suit le prologue.
Merci pour ce texte qu'il est impossible de lâcher, une fois commencé.
Bien à toi,
Jan.
Bonjour José,
RépondreSupprimerVoilà une histoire bien menée que j'ai eu plaisir à relire de bout en bout. Pour la lecture publique, je verrai bien le chapitre 1, ou le 3 où nous entrons davantage dans cette relation amoureuse particulière qui s'engage, qui donne envie d'en savoir plus et n'en dévoile pas la fin tragique.
Bien à toi,
Gisèle
Bonjour José,
RépondreSupprimerLire cette nouvelle a été un vrai plaisir.
J'aime le choix du titre qui correspond bien à cette histoire touchante. J'ai beaucoup aimé ton style et la façon dont tu as traité cette thématique en finesse avec élégance et respect.
Mon choix du coeur texte 2 pour la réflexion et pour ce désir de vie et d'amour qui ne veut pas être étouffé et le dernier §.
Pour la lecture public le texte 8
Merci pour ce magnifique travail et tes commentaires.
Bien à toi.
Nadera
Bonsoir José,
RépondreSupprimerUne histoire. D'abord. Ce dans un cadre classique, presque banal. Vous avez vu Poussy? Ou Mirza...Banal.
Et puis, ça vire au rouge, au rouge crisique. Et puis au noir, à la mort. Qui, in fine, est tout, sauf classique. Rien en soi n'est classique, dans ta nouvelle. Et c'est cela qui, chez moi, m'amène à attendre: attendre "Et après?" Je crois que l'on appelle cela une forme de réussite, parmi tant d'autres.
Ici aussi, une profonde réflexion s'articule avec la vie et la mort. Mais en plus, une superbe tendresse qui....supplante tout: la famille, les amies, le "quant dira-t-on ?". Car il, ou elle, ...ont vingt ans. C'est certain. Or, c'est bien connu, à Vingt Ans, on ne compte pas. On ne compte rien, surtout pas le poids des années.
Une histoire? Ou un "compte"?
Merci Gisèle pour cette richesse.
PS: Le chapitre 5 m'interpelle un peu plus que les autres.
Bonjour José,
RépondreSupprimerQu’ajouter aux commentaires de tes lecteurs dont l’enthousiasme en dit assez sur la qualité de ta nouvelle. Une nouvelle émouvante sur un sujet important. Beaucoup de tendresse, pas de méli-mélo inutile, même la fin est traitée avec pudeur. Les nombreux dialogues donnent de la vie à l’ensemble. Quelques menues scories encore que je t’ai signalées dans le texte annoté.
Quelques remarques.
Qui est Juliette/Julie ? Une autre petite-fille de Line ? Si c’est le cas, pourquoi n’est-elle pas présente à la fin ?
- Désolée, je n’ai pas de chips à vous offrir. C’est la faute à Poussy.
- Ne vous inquiétez pas. Cela me fait plaisir de rendre service.
La réplique de Maxime ne répond pas à celle d’Emily. Il devrait parler de chips, genre :
- Ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas fan de chips…
Chapitre 7
Il est à revoir : trop de changements de narrateur : tantôt Line, tantôt Maxime, tantôt l’auteur.
Merci pour ce très beau moment de lecture,
Liliane