mardi 2 avril 2024

Line Chapitre 7 (José)

Voilà Maxime qui me rejoint au bar-salon. Surtout ne pas lui montrer que ce voyage me fatigue plus que je ne l’avais imaginé. Je m’inquiète de ce que lui-même éprouve. Je le soupçonne de me cacher la vérité. Son épuisement se trahit par des traits tirés et de légers tremblements des jambes. Je l'accueille avec un sourire en lui disant: « Bonjour, trésor ! Qu’as-tu pensé de la visite ?

- C’est fantastique, mon ange. J’ai beau avoir vu cela en photos, le voir en vrai c’est tout autre chose. Je me suis senti tout petit. » J’espère que Lise ne s’est pas aperçue que j’ai failli arrêter l’excursion car mes jambes ne me portaient plus. J’ai dû puiser dans mes dernières forces pour y arriver. Line est tellement gentille ; je ne voudrais pas lui gâcher ses vacances.

Maxime s'exclame : « Regarde ! Comme c’est beau ce village ! Le mélange du vert de la palmeraie et du bleu du ciel a de quoi inspirer des peintres. Ici le temps semble s’être arrêté. Oh ! les couleurs que prend l’horizon quand le soleil se couche, c’est incroyable !

- Oui c’est merveilleux ! Que veux-tu boire avant d’aller à la salle de restaurant ?

- Un Dry Martini et toi que prendras-tu ?

- Hum, aujourd’hui je vais goûter à leur Alexandra. Alexandrie, Alexandra ! Ça te dit quelque chose ? »

Le lendemain, nous découvrons un autre site, nous avons droit à l’attraction touristique, la promenade à dos de chameau. Nous suivons ensuite à pied le guide quand une douleur très vive au mollet me fait crier. Maxime me demande ce qu’il y a. « Je crois que je me suis fait piquer par un taon. En tout cas, rassure-toi, ce n’était ni un scorpion ni un serpent. » Une zone rouge et gonflée apparaît. Vaille que vaille j’achève la visite. Au retour, Maxime voit bien que ça ne va pas et me dit : «  On va aller voir le médecin de bord. » Cela s’avère d’autant plus nécessaire que je commence à avoir de la température. Le médecin qui a surtout l’habitude de soigner des indigestions et des diarrhées m’examine et applique une pommade antibiotique avant de bander le mollet.

Au matin, après une nuit pendant laquelle la fièvre a augmenté, le médecin constate que l’inflammation s’est étendue et qu'une sécrétion verdâtre suinte de la zone. Au vu de mon état, il organise un rapatriement sanitaire d’urgence. Bien qu’affolé, Maxime prend la situation en main et se charge de refaire nos bagages.

Dans la cabine, Maxime boucles les valises. L’état de Line l’inquiète, il se demande comment cela a pu si vite dégénérer. Un vol est en attente à l’aéroport d’Abou Simbel pour les ramener au Caire et de là en Belgique. Dans la poche intérieure de sa valise, Maxime trouve une carte postale oubliée. Une carte de Crète. Brusquement, il se souvient et se dit : " Seize ans déjà ! À cette époque, j’ignorais encore mon mal. Nous étions partis en vacances, Corinne et moi. Nous nous aimions et croquions la vie à pleines dents. Quelques mois plus tard apparurent les premiers symptômes. Au bout d'une longue période d’errance médicale, le verdict a été posé, cruel et sans appel. Et ensuite la rupture. La pauvre, elle n’a rien compris mais je n’avais pas le courage de lui dire la vérité ".

On a rapatrié Line dans un hôpital universitaire proche de son domicile. « Vous savez, Line, vous avez de la chance, dit le praticien. Quand on vous a admise, nous étions perplexes. Votre état se dégradait et les antibiotiques restaient sans effet. Nous avons craint, à un moment, de devoir vous amputer. Fort heureusement, un confrère d'Anvers, spécialisé en médecine tropicale, nous a conseillés. Nous avons dû inciser l’endroit où vous aviez été piquée pour extraire les larves pondues par l’insecte. Et nous avons trouvé le bon antibiotique et stoppé ainsi le début de septicémie. Vous revenez de loin ! »

Maxime ne cache pas son émotion. Dès la sortie du docteur, il m’enlace, me disant : « Line, je ne conçois plus la vie sans toi. » Et tout naturellement et sincèrement, je lui réponds : « Moi non plus Maxime ! »

4 commentaires:

  1. Bonjour José,
    Line a échappé de peu à une amputation. On est bien peu de chose, monsieur ! J'ai déjà envisagé le pire, qu'ils meurent tous les deux dans un naufrage. Mais il semble qu'on soit parti pour un happy end. Quel autre coup de théâtre ? Line découvre la carte de Grèce et fait une scène de jalousie à Maxime, le soupçonnant de toujours aimer son ex, Corinne. Ou bien Maxime décède avant la date fixée pour leur mariage...
    Bon courage ! Amicalement, Gisèle

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    1. Bonsoir José,
      Très réaliste, tout ne se passe pas toujours comme prévu.
      Ne rien négliger , être en alerte agir dans les temps si non c'est le drame. Ils prennent conscience qu'ils ne peuvent plus vivre l'un sans l'autre. Ce sera d'autant plus douloureux si jamais le pire devait arrivé. Dans le pire on peut imaginer toute sorte de choses mais aussi dans le meilleur. Ex: ce même médecin se lier d'amitié avec Maxime et tout faire pour stopper son mal .
      Texte crédible avec cet imprévu qui a tout gâcher mais en même temps qui a testé la force de leur amour.
      Merci.
      Nadera
      Bien à toi.
      Nadera

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  2. Bonjour José,
    On lit cde chapitre avec mélancolie, l’émotion est là : ils s’aiment mais la menace pèse sur cet amour et on ne peut la gommer. La construction de ton texte est très efficace. Le lecteur vit ainsi la situation en alternance avec chacun des personnages. On est touché par leur attachement, par leur souci mutuel de ne pas inquiéter l’autre. Un très beau récit de relation amoureuse pudique, une relation qui se fortifie dans l’épreuve. Le contraste avec le décor idyllique ajoute à l’inquiétude suscitée par leur état de santé.
    L’aveu de l’amour partagé est amené très naturellement dans ce moment de soulagement après l’angoisse et échappe ainsi tant au risque mélodramatique qu’à l’usure du cliché. Il a un vrai sens, une vraie portée.

    Un détail.
    « Quelques billets, l’équivalent de quelques centaines d’euros. Je sais, c’est stupide de prendre autant d’argent. »
    Le double emploi de « quelque » traduit une certaine désinvolture qui laisse supposer que la perte est minime, ce qui est, paradoxalement contredit par « autant d’argent ».
    Il faudrait donc, soit t’en tenir à quelques… sans évoquer une somme importante, soit supprimer les « quelques » et parler de « plusieurs centaines d’euros » ou même donner un chiffre précis.
    Dans ton dernier texte qui sera gris, un père jouera un rôle important.

    Bon travail,
    Liliane

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  3. Bonjour José,
    Comme d'habitude, tout se lit avec facilité et donne l'envie d'en savoir d'avantage. L'amputation est bien amenée, ce dans un contexte qui "tient la route". Et puis, il y a cette ambiance romantique, que j'aime personnellement, qui me touche donc. Romantique et qui joue sur l'ambivalent "mort/vie" mais de façon intense.
    Je ne comprends pas très bien qui est Lise; peut-être est-ce moi qui n'ai pas bien saisi qui est cette personne ...
    Corinne....Tiens, voilà qui est intéressant; et si elle réapparaissait sans prévenir, rien que pour gêner son monde? et avec un enfant qu'elle aurait conçu avec lui dont elle n'aurait jamais fait mention puisqu'elle a choisi de disparaître.
    Autre situation : voici que notre jardinier est repris par une ancienne affaire de justice, une affaire de sous, ayant abusé financièrement de plusieurs femmes âgées...
    Quelle fin vas tu choisir? Je suis bien curieux!
    Cordialement,
    Patrick

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