lundi 5 février 2024

Line Chapitre 4 (José)

Après notre moment d’abandon et de folie, j’ai cru que Maxime allait m’éviter. Au contraire nous ne nous sommes jamais autant vus que pendant les semaines qui suivirent. De façon tacite et par une délicatesse réciproque, nous n’en avons pas reparlé. Cependant aucune gêne ne venait assombrir le plaisir que nous avions à nous retrouver.

Nous sommes allés aux pépinières. Devant des plants de dahlia, Maxime m’a dit :

« Line , regarde cette variété, ce port épanoui et majestueux ! Et puis cette couleur ! Cet orange est magnifique, lumineux, solaire, … comme toi. Qu’en dis-tu ?

- J’ai lu que les dahlias reviennent à la mode. Moi, je les ai toujours aimés.

- Tu sais que dans le langage des fleurs, le dahlia représente la reconnaissance, l’allégresse et l’amour ?

- Tu me surprends, Maxime ; tu connais tant de choses sur les fleurs. Mais je retrouve bien là ta délicatesse et ta sensibilité. Cela me touche, plus que tu ne le penses. »

Ces semaines ont été merveilleuses mais pas sans conséquences.

Ce matin, je retrouve Denise à la piscine qui me dit tout de go :

« Il paraît que tu t’amuses bien ces derniers temps ! Et toujours en compagnie de Maxime ! Elisabeth vous a vus à la brasserie du Passage. Vous étiez très proches, m’a-t-elle dit. Et moi, je vous ai aperçus au café du Commerce. Attention, Line ! On commence à jaser. Elisabeth m’a demandé si Maxime tarifait ses charmes, c'est un bel homme et jeune encore ! »

J'ai l'impression de me vider de tout mon sang, un grand froid m'envahit. Je dois prendre une profonde respiration pour dire :

« Non mais pour qui me prenez-vous ? Vous pensez que Maxime est un escort que je paie ? Vous n’êtes que de vieilles femmes aigries et jalouses. »

Je pars, tremblante de colère et d'indignation. À peine rentrée, j’appelle Maxime :

« Maxime, tu peux venir rapidement s’il te plaît ? J’ai besoin de te parler.

- Moi aussi, Line. Cela te va si je viens vers dix-sept heures ?

- Parfait. À tout à l’heure. Je ferai du thé. »

Quand j’ouvre la porte, je vois Maxime tenant un gros bouquet d’œillets orange.

« Entre ! Quel beau bouquet ! Je les mets dans un vase et nous prépare du thé.  Un darjeeling, ça te convient ?

- Parfait pour moi. »

Alors que nous sommes assis au salon, je demande à Maxime :

« Et ces œillets, dis-moi, quelle signification ont-ils ?

- Tu dois t’en douter, c’est un aveu amoureux.

- Oh, Maxime ! Ce n’est pas raisonnable.

- Nous n’avons plus le temps d’être raisonnables. Et j’ai encore un cadeau pour toi. »

Tout en parlant, Maxime sort de sa poche une petite boîte qu’il ouvre et qui contient une superbe bague ornée d’une aigue marine. Poussy, qui trouve que nous ne nous occupons pas assez de lui, vient se frotter contre nous.

« Cette bague me vient de ma mère. Elle me l’a léguée pour que je l’offre un jour. C’est la pierre de l’amour et de la fidélité. »

Maxime la prend et essaie de la passer à un doigt de ma main droite.

« Tu vois, lui dis-je. Ça ne passe pas ! Cela me touche infiniment mais ce n’est pas possible. »

Sans se démonter, il essaie sur l’annulaire de la gauche.

« Et voilà ! C’est parfait. Elle semble faite pour toi.

- Mais Maxime, j’ai vu mon Denise qui m’a rapporté des propos à notre sujet qui m’ont bouleversée.

- Je sais ce qu'on raconte et je m'en fiche. Qu’avons-nous besoin d’écouter les autres ?

- Il y a les personnes qu’on connaît mais il y a aussi la famille ! Je peux me brouiller avec des connaissances mais pas avec mes enfants !

- Et bien... et si les rencontrais ?

- Tu ne doutes de rien, toi ! J’y ai pensé aussi et je crois que le mieux serait que tu rencontres d’abord Emily, la fille de mon fils aîné, Alexis. C’est la plus ouverte de la famille et, si elle t’apprécie, elle sera une alliée pour convaincre les autres. »

3 commentaires:

  1. Bonjour José
    Etant malade, je serai plus succin, sorry.
    La jalousie!! Ha la belle affaire, elle nous pend trop souvent au nez ! Mais ici il prend bien tous sons sens, évidemment! Tu amènes la chose avec brio, en posant la question du rapport de l'amitié : l'équilibre dans une relation (Denise, Elisabeth...) est-il vrai, ou précaire? qu'est-ce nous pouvons croire dans une amitié?
    Dans ce cas, quelles sont nos priorités: sauvez les meubles, donc, sauver la famille, sauver les pseudo amis ou décider de rester seul? Ou passer outre. C'est un excellent débat que nous pouvons rencontrer souvent. J'attends avec impatience la suite des événements. Cordialement, Patrick

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  2. Bonjour José,
    Très bonne idée le passage d'Elisabeth concernant la suspicion de tarification des charmes de Maxime. Je suis désolée de dévoiler ce secret mais je ne peux le taire davantage. Voilà Elisabeth très frustrée en manque a proposé à Maxime une tarification plus que raisonnable . Il ne roule pas sur l'or, les soins médicaux coûtent cher, les fleurs, les restos toutes les sorties qu'il tient à offrir à Line c'est au dessus de ces moyens.
    Désormais ils sont à trois à vouloir se sentir vivant et a profiter des joies de la vie.
    Dilemme choisir entre l'Amour et l'Amour...
    Cela commence à devenir compliqué.
    J'aime. Merci.
    Bien à toi.
    Nadera

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  3. Bonjour José
    Il semblerait que tu prends goût aux dialogues et je m’en réjouis. C’est une réussite. On s’attache de plus en plus à Line et Max et on a envie de clore le bec à Denise, la « bonne » amie car moi – suis-je trop naïve ? – je n’y crois pas plus que Line à la prostitution de Max. Mais peut-être nous réserves-tu des surprises. Quoi qu’il en soit, on vit avec tes personnages parce que ton texte est vivant. Tu réussis à mettre en évidence la différence de caractères entre Line et Maxime sans l’expliquer. Il est clair qu’elle est, plus que lui, soucieuse du qu’en dira-t-on, moins sûre d’elle aussi : question de caractères, mais aussi de génération.
    Quand Max lui demande son avis à propos des dahlias, avant de le donner, elle fait référence à une lecture. Un détail qui en dit long.
    Je me demande si tu ne pourrais pas aussi faire comprendre que Max est au courant des rumeurs, mais qu’il n’a pas jugé nécessaire d’en parler. Je pense à quelque chose genre :
    - Oui, je sais ce qu’on a-raconte. Et alors ? Qu’avons-nous besoin d’écouter les autres ? Nous ne leur devons rien.
    Ce qui n’empêcherait en rien un éventuel retournement de situation si tu le décidais.
    Vu la qualité de ce texte, je vais me permettre de « chipoter » sur quelques détails.
    « Le sang s’est retiré de mon visage. »
    Comment le sait-elle ? Elle ne se voit pas. Je pense que tu devrais choisir une manifestation physique qu’elle peut éprouver : bouffée de chaleur, impression de se vider de l’intérieur…
    « Je me lève et, toute tremblante, je pars. »
    Pourquoi tremble-t-elle ? Je penserais à quelque chose genre « Je pars, tremblante de colère et d‘humiliation. »
    « À la maison, j’appelle Maxime »
    Ce que tu veux montrer c’est qu’elle est bouleversée et que « A peine rentrée » elle appelle Maxime. » Autant l’écrire.
    Et enfin, un détail de ponctuation qui change tout :
    « Et bien et si je faisais leur connaissance ? »
    Si tu mets des points de suspension : « Et bien… et si je faisais leur connaissance ? » Tu montres ainsi que Max est surpris par la question soulevée par Line, qu’il a un moment de réflexion et qu’il suggère une réponse.
    J’attends la suite avec impatience.

    Sous le signe du jaune, le thème de ton prochain texte sera la solitude.
    Bon travail,
    Liliane

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