Line au téléphone :
« - Bonjour Maxime ! Cela fait longtemps que je ne t’ai pas vu. La dernière fois que tu es venu m’aider, c’était il y a près de trois semaines. Pour le moment le jardin ne demande pas trop d’entretien mais j’aimerais que nous arrangions le parterre des annuelles. Certaines plantes devraient être remplacées. Nous pourrions passer à la pépinière pour en choisir de nouvelles. J’ai pensé aussi agrandir un peu le potager et le coin des petites baies, mais pour celles-ci ce n’est sans doute pas le moment idéal de plantation. N’empêche, nous pourrions déjà y réfléchir.
Mais je parle, je parle, toujours un peu trop, et je ne te laisse pas t’exprimer. Comment vas-tu ?
- Ça va. J’ai juste été un peu
occupé et fatigué. J’aurais dû t’appeler, Line. Excuse-moi.
- C’est bientôt ton
anniversaire, je pense. Si tu venais le fêter chez moi. Un petit repas sympa ? Quand cela t’arrangerait-il ?
- C’est gentil mais il ne faut
pas te déranger.
- Ça ne me dérange pas du
tout. Au contraire, cela me fera plaisir.
- Et bien disons jeudi
prochain, le quatorze. Cette semaine ce ne sera pas possible pour moi.
- C’est noté. Je m'en réjouis déjà. »
Le jour convenu, Line et Maxime
sont attablés. Le repas s’achève.
« - Tu as vraiment mis
les petits plats dans les grands, Line. Il ne fallait pas te donner tant de
peine pour moi.
- Je suis heureuse que cela te
fasse plaisir. Mais tu ne manges pas beaucoup. Ce n’est pas tout à fait à ton
goût ? Je trouve que tu as un peu maigri. Tu me sembles fatigué et pas
trop en forme. Ça va ?
- Toi par contre, tu es toujours superbe. Cette
robe rouge te va à ravir. >Ru devrais porter plus souvent du rouge.
-
Comme rousse, je me disais que le rouge ne me convenait pas. Mais j’avais sans
doute tort. »
Après un silence, Line
continue. « Tu ne m'as pas répondu. Je t'en prie, ne change pas de sujet. Tu sais, tu peux tout me dire. Le vin que nous avons bu me
donne le courage d‘avouer à quel point je tiens à toi. Je suis folle, sans
doute, de me sentir attirée par toi. Tu vas t’enfuir et te dire : Qu’est-ce
qu’une femme comme elle, à son âge, peut espérer d’un homme qui n’a pas encore
quarante ans ? Je ne te demande rien, Maxime. Je n’attends rien d’autre
que ce que tu m’as déjà apporté. J’espère juste que nous pourrons nous rapprocher
encore, que tu auras pleinement confiance en moi, comme moi je l’ai déjà en
toi. »
Cette fois un long silence
suit les paroles de Line. On n’entend que Poussy miauler doucement en venant se
frotter alternativement sur les jambes de Line et celles de Maxime.
« - Line, je dois te dire
quelque chose. Si tu n’as plus eu de mes nouvelles ces derniers temps, c’est
que je ne pouvais pas t’en donner. J’avais des rendez-vous et je n’avais pas
envie de t’en parler. Depuis près de deux ans j’ai la certitude d’avoir une
maladie orpheline, quelque chose qui s’apparente à la sclérose en plaques ou à
la maladie de Charcot, une sclérose latérale amyotrophique. Tous ces termes m’étaient
jadis inconnus mais ils font désormais partie de mon bagage. »
Émue et craignant d’embarrasser
Maxime, Line demande alors : « - Comment cela se manifeste-t-il pour
toi ?
- Il y a des moments où j’éprouve de grandes
fatigues et aussi des douleurs. Puis ça passe et un jour ça revient, un peu
plus fort.
- Il y a des traitements ?
- Rien
d’efficace. Il n’y a que des médicaments pour atténuer les douleurs et
espérer retarder un peu l’évolution. Tous les mois je dois passer des examens,
vois mon sang remplir des tubes, puis attendre les résultats.
Tu sais, Line, un médecin m’a
dit de but en blanc que mon espérance de vie se situe entre quinze et vingt ans,
à moins qu’on ne trouve le remède miracle. Alors comment pourrais-je construire
une relation avec une femme ? Qui voudrait d’un homme condamné à dépérir ?
- Maxime, mon espérance de vie
est la même que la tienne. Mais d’ici là, toi et moi sommes vivants !
Profitons-en ! Nous pourrons, un jour, quand cela deviendra nécessaire,
prendre soin l’un de l’autre puis, plus tard, faire appel à une aide-soignante.
- Drôle
d’avenir qui nous attend, tu ne trouves pas ?
Tu es une femme
extraordinaire, Line ! Je peux te
prendre dans mes bras ? »
Le sourire qui illumine alors
le visage de Line est une réponse explicite. Ces deux êtres qui s’embrassent avec douceur et passion s’étreignent comme des naufragés qui s’accrochent
à une planche de salut.
"que l'on peut passer au-dessus des préjugés.." est peut-être mieux.
RépondreSupprimerBonjour José,
RépondreSupprimerCette fois, tu entres de plein-pied dans le dialogue, d'abord au téléphone, ensuite au cours d'un repas offert par Line pour l'anniversaire de Maxime. Très peu de choses nous distraient de cet entretien privé et intime dans lequel tu nous convies. Nous sommes les témoins privilégiés d'un amour scellé par un baiser. Résistera-t-il à la critique sociale ?
Ce changement de style te va bien, tu gères très bien le dialogue, on y croit. Tout sonne juste et paraît naturel et on en redemande.
Si les questions suivantes peuvent être utiles...
- Depuis quand Line n'a-t-elle plus connu un tel sentiment amoureux ?
- Jusqu'à quand Line et Maxime vont-ils continuer à vivre séparément, ou pas ?
-Pendant combien de temps Line a-t-elle regretté le départ de son mari pour une plus jeune ?
Maxime ne connaît le diagnostic que depuis 2 ans. A-t-il donc eu une vie de couple, des enfants, une situation sociale plus importante qu'aujourd'hui ?
Par ailleurs, vérifie mais il semble qu'elle apparaisse le plus souvent à partir de 50 ans et que l'espérance de vie ne serait que de 3 à 5 ans une fois le diagnostic établi, par suite de l'atteinte des muscles respiratoires.
Je ne suis pas sûre non plus qu'il s'agisse d'une maladie orpheline, elle est souvent multifactorielle, soumise à l'influence de la génétique et de l'environnement.
Je continue à te lire avec plaisir. Gisèle
Mes dernières remarques concernent la sclérose latérale amyotrophique, tu t'en doutes. Gisèle
RépondreSupprimerChère Gisèle,
SupprimerQuelques précisions pour une meilleure compréhension.
Je pense que par maladie orpheline on entend une maladie peu répandue sous sa forme, avec comme conséquence aucun traitement parfaitement adapté. Pour éviter toute méprise (et n'étant pas médecin), j'ai pris soin de dire " quelque chose qui s’apparente à ", laissant ainsi la cause précise dans le flou.
Pour tes remarques concernant l'âge de son apparition, s'il est exact que c'est le plus souvent vers la cinquantaine, elle peut apparaître hélas bien plus tôt. Quant à l'espérance de vie, elle est très variable car dépendant de la rapidité d'évolution de la maladie et des endroits où elle se manifeste principalement.
Bon week-end et merci pour tes remarques et tes encouragements,
José
Bonjour José,
RépondreSupprimerTexte fluide.
Il y'a quelque chose de beau dans ce malheur c'est l'amour qui va aider ces deux être à faire face aux défis qui les attends avec le temps. Malgré leur différence d'âge leur espérance de vie est en théorie plus ou moins la même (bien trouvé).
Line est prête à soutenir Maxime et ne demande que cela mais jusqu'à quand et combien de temps? Est-ce que Line aura la patience de supporter de voir la dégradation physique de Maxime? Est-ce que la maladie tuera avec le temps leur amour? Et si Line rencontre un autre Maxime à la piscine très séducteur...
Te lire est un plaisir.
Merci.
Nadera
Bonjour José,
RépondreSupprimerJe suppose que tu as constaté toi-même à quel point le dialogue fait vivre le texte et, invitant le lecteur à participer à l’intimité des personnages, suscite l’émotion.
Ce chapitre est un tournant crucial dans ton récit puisqu’il induit à la fois une évolution heureuse pour le couple et une échéance douloureuse, en particulier pour Maxime.
Je me demande cependant si tu n’aurais pas intérêt à éviter de conclure si vite. Peut-être t’arrêter après « Profitons-en. » et ne plus donner-la parole à Maxime, voire le faire quitter la pièce plus ou moins précipitamment. Ce serait plus intéressant sur le plan de la psychologue des personnages : Maxime qui a déjà largement conscience d’une évolution difficile prendrait, au moins momentanément, ses distances par rapport à l’enthousiasme irréfléchi de Line. Cela te laisserait surtout un maximum de possibilités pour des développements ultérieurs. A moins que Line ne soit sensible à un autre beau gosse comme le suggère malicieusement Nadera…
Je suis bien consciente qu’en ce qui concerne l’écriture, sous la pression, tu es sorti avec succès de ta zone de confort. Je serai un peu plus sévère que Gisèle – je suis aussi là pour cela -et je dirai que tes dialogues, sonnent juste dans l’ensemble même s’il arrive encore ici et là qu’ils soient un peu trop écrits, trop explicatifs. Deux exemples qui peuvent être l’occasion de rappeler à tous des principes essentiels à l’écriture des dialogues, c’est pourquoi je les mets en évidence.
« Tu es toujours superbe. Cette robe rouge te va à ravir. Ce n’est pas une couleur que tu portes habituellement mais tu devrais plus souvent acheter des vêtements de ce coloris. »
Cette réplique de Maxime répond à la remarque que Line vient de faire sur sa mauvaise mine. Il faudrait donc marquer l’opposition et enchaîner de manière plus concise genre :
« Toi, par contre tu es toujours superbe. Cette robe te va à ravir. Tu devrais porter plus souvent du rouge. »
« Tu sais, tu peux tout me dire. »
Là aussi, il manque un enchaînement. Maxime a détourné la conversation. Il est bon que Line le souligne :
« Ne change pas de sujet. Tu sais tu peux tout me dire. »
Et suit cette déclaration, assez longue qui traduit habilement le long refoulement de cet amour que Line n’osait pas déclarer : le couvercle des convenances a sauté.
De manière générale je conseille de relire les dialogues à voix haute, si possible avec un(e) partenaire. Un autre conseil : écrire en disant à voix haute ce que l’on écrit. Bref employer toutes les astuces pour parler un dialogue que l’on écrit.
Dans ton prochain chapitre, coloré en orange, une bague avec une aigue marine jouera un rôle essentiel.
Bon Travail
Liliane